A la rencontre des peuples de Birmanie

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 Le lac Inle, miroir du ciel

Au nord-est de la Birmanie reposent les eaux cristallines du lac Inle. Entouré par les montagnes du sud de Mandalay, il abrite de nombreux villages flottants où vivent les pécheurs et les paysans du peuple Intha, les « Fils du Lac ».

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Nous partons aux aurores dans une barque à moteur, accompagnés de Dolma, voyageuse népalaise rencontrée à notre maison d’hôtes. Elle sera notre camarade pour les prochains jours. Tandis que nous glissons sur les eaux calmes du lac, la brume matinale nous enveloppe d’un grand voile blanc. Les rives ont disparu et l’horizon n’existe plus.

Nous nous arrêtons au village de Kaungdaing pour flâner entre les étals du marché. Ce genre de lieux est toujours un spectacle : des poissons reliés par les branchies en guirlandes, des pièces de viandes rouges offertes aux mouches, des légumes et fruits que nous ne connaissons pas, un forgeron qui tape sur une lame de métal rougie, des vendeurs assis sur leurs talons et des clients qui tâtent, soupèsent et reniflent les produits exposés.

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Alors que le soleil s’élève au plus haut dans le ciel, nous glissons sur les eaux miroitantes du lac en direction des villages Inbawkon et Sae Khaung. Par dessus nos têtes, s’envolent des ibis, hérons et cormorans. La brume se dissipant, nous observons quelques pécheurs, debout et solitaires sur leurs barques, qui semblent jouer les acrobates en ombres chinoises. Il y a plusieurs années, les Inthas ont développé leur propre technique de pêche. Ils pagaient avec une jambe, se tiennent en équilibre à l’arrière de la pirogue avec l’autre et, à l’aide d’une nasse, emprisonnent les poissons qui nagent dans les eaux peu profondes du lac.

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Chaque village flottant semble avoir sa spécialisation artisanale. Ainsi, nous visitons des ateliers de tissage, de forgerons et de préparation de cheroots (cigares birmans). Les habitants sont habitués aux visiteurs et les « boutiques à touristes » sont malheureusement nombreuses.

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Nous poursuivons notre paisible promenade à travers des jardins flottants. Ce sont des parcelles que les villageois construisent eux-même en créant des tapis de jacinthes d’eau et d’autres plantes, ce qui leur permet de cultiver fruits et légumes.

Les longs-nez à la rencontre des longs-cous

Nous quittons les Fils du Lac pour nous rendre à Loïkaw, capitale de l’état Kayah, à la rencontre des tribus Padaung. La Birmanie s’ouvre de plus en plus au tourisme et Loïkaw est une de ces destinations qui, il y a peine quelques mois, nécessitait une autorisation préalable du gouvernement. Aujourd’hui, bien que nous pouvons y accéder librement, la région demeure peu visitée. Dans le bus pour Loïkaw, il n’y a aucun occidentaux hormis un couple de français, Christine et Patrick, avec lequel nous tisserons rapidement des liens d’amitié.

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Nous partons découvrir les merveilles de l’état Kayah avec Christine, Patrick et Simik notre chauffeur. Nous commençons par un bon petit déjeuner au « marché du mercredi », un marché itinérant qui se déplace cinq fois par semaine. Nous goûtons à une spécialité de la région : de fines nouilles de riz accompagnées d’une saucisse bien grasse et épicée. Des villageois venant de toute la région vendent leurs marchandises. Nous rencontrons des Shan mais aussi des Padaung, des Pa-O, reconnaissables à leur turban quadrillé rouge-orangé, et bien d’autres ethnies que nous ne saurions nommer. La Birmanie compte plus de soixante-dix ethnies différentes. Lorsque nous nous arrêtons devant les étalages, les commerçants s’adressent naturellement à Sophie dans leur langue. C’est vrai qu’avec son sarong, son petit sac birman et ses origines indiennes elle pourrait facilement être du pays. Malheureusement, elle ne peut leur répondre qu’avec un grand sourire et quelques mots d’anglais.

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Nous visitons l’étonnante pagode Taung Kwe dressée sur un rocher dominant la ville de Loïkaw d’où nous y jouissons d’une belle vue sur les maisons typiques entourées de palmiers et de cocotiers ; nous profitons de la sérénité des « Sept Lacs », endroit paisible où se seraient rencontrés Kani et Kania, les Roméo et Juliette de Birmanie, mais le point culminant de la journée sera la rencontre avec les habitants Padaung du village de Panpet.

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Panpet est un hameau isolé qui nécessite un 4×4, ou mieux, un tracteur, pour y accéder. Après une centaine de mètres parcourus à pied sous un soleil torride, nous avons la chance d’être pris en stop par un pick-up. A peine descendons-nous du véhicule que des villageois nous accueillent chaleureusement. Peu habitués à voir des occidentaux, ils se regroupent autour de nous et souhaitent que nous prenions des photos tous ensemble. Encore une fois ils s’adressent à Sophie dans une langue qu’elle ne comprend pas. Mais pas besoin de mots pour ressentir leur joie et leur enthousiasme.

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Aujourd’hui est un jour de fête, jour de mariage. Les jeunes époux, âgés de moins d’un vingtaine d’années, ont célébré leur union ce matin avant notre arrivée. Nous sommes invités à prendre le thé dans la demeure du nouveau marié, où se sont réunis famille et amis. La maison, sur pilotis, ne comprend que deux pièces, une pour cuisiner et une autre pour tout le reste. Pao, jeune étudiant en philosophie, sera notre interprète. Il fait ses études en Italie et souhaite devenir prêtre catholique. Cela nous surprend d’entendre parler de chrétienté. Pao nous explique que les Padaung sont pour la majorité de confession bouddhiste avec toutefois quelques minorités animistes et chrétiennes.

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Alors que nous flânons dans les ruelles du village, nous croisons quelques femmes portant la tenue traditionnelle des Padaung et de lourds anneaux de bronze autour du cou et des mollets.

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Cela fait près de dix mois que nous voyageons et pourtant, dans chaque pays que nous parcourons, nous sommes surpris par l’accueil, la convivialité et la générosité de ceux dont nous croisons la route.

Les bouddhas c’est comme les champignons, ça pousse partout

Nous revenons sur les terres Karens, à Hpa-An, petite bourgade au nord de Mawlamyine, notre première étape dans le pays. Hpa-An se situe au cœur d’une région karstique regorgeant de grottes et de formations rocheuses aux formes étranges. Nous louons une moto et partons découvrir les alentours de Hpa-An.

A la grotte Yathaypyan, nous sommes accueillis par une bande de singes. A l’intérieur, des centaines de figurines de Bouddha, datant du onzième siècle, ont été sculptées sur les parois.

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bassin d’eau situé au pied d’une grotte et alimenté par une chute d’eau

 

Nous passons par des villages où nous échangeons de grands sourires avec les habitants, longeons des rizières d’un vert intense qui s’étendent jusqu’à l’horizon et roulons à travers des champs de tournesols dorés.

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Alors que nous nous dirigeons vers le village de Lakkana, nous sommes surpris par un champ immense où reposent, au pied de la montagne Zwegabin, une centaine de statues de Bouddha identiques parfaitement alignées éclairées par les couleurs chaudes du soleil couchant.

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Hpa-An_jardin_lumbini

Notre voyage dans le pays aura été comme un voyage hors du temps : que ce soit dans les anciennes capitales de l’empire britannique, au cœur des vestiges du royaume d’Arakan, ou dans les petits villages où les traditions ancestrales n’ont pas été abandonnées. Nous garderons pendant plusieurs mois certaines habitudes acquises au contact de ses habitants comme le fait de donner et recevoir avec les deux mains en signe de respect.

Cependant, la Birmanie est un pays qui se développe et se transforme. Nous quittons ces terres, sachant que nous ne retrouverons probablement jamais la Birmanie telle que nous l’avons connu.

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C’était la première fois que :

  • le sac de Romain tombait du toit d’un camionnette en marche et faisait plusieurs tonneaux sur la route. Grosse frayeur mais rien de cassé !
  • l’on dormait assis sur des chaises sur un balcon (notre bus est arrivé au milieu de la nuit et nous devions attendre le matin pour qu’une chambre se libère)

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