• Sur les toits du temple Dratsang
  • Le monastère Gompa Ganden Sumtseling
  • Chorten, Shangri-La

Shangri-La, visite d’une ville qui n’existe pas

Classé dans : Chine | 1

« Je suis sûr qu’il y a un désir de Shangri-La dans le cœur de chacun »
Horizon Perdu, James Hilton

Un grand mystère plane sur l’emplacement de Shangri-La, un monde utopique décrit par James Hilton dans son roman Horizon Perdu ; un paradis situé dans la magnifique vallée de la Lune Bleue, entouré de trois rivières parallèles et dominé par le mont Karakul en forme de pyramide. Quelques « experts » ont tenté de localiser ce paradis sur Terre. Plusieurs villes chinoises ont prétendu au titre de Shangri-La, se servant des descriptions des monastères ou des paysages. En 1997, en comparant les formes pyramidales du mont Karakul et du mont Kawa Karpo dans le Yunnan, la couleur rouge sang des vallées et la position des fleuves, les experts déclarèrent vainqueur le district de Deqin. Sans complexe, on renomma la ville de Zhongdian : « Shangri-La »

Outre les magnifiques paysages qui l’entourent, la ville de Zhongdian possède l’un des plus remarquables monastères tibétains et un colossal moulin à prières.

Le monastère Gompa Ganden Sumtseling, Shnagri-La

Deux tickets pour le paradis, s’il vous plait

Chargés de nos sacs à dos, nous parcourons silencieusement les rues désertes de la ville de Xiangcheng, en direction de la gare routière. La ville, à peine éclairée par quelques lampadaires, ne s’est pas encore réveillée. Des voyageurs endormis attendent comme nous l’autocar de 6h à destination de Zhongdian.

Nous montons dans un petit bus, peut-être un ancien car scolaire, particulièrement sale et propice aux courants d’air. Derrière Romain, un clochard lui respire dans les cheveux. A côté de nous, un tibétain vêtu d’un complet noir coupe un fruit avec un long couteau avant d’en nettoyer la lame sur le siège. Un vieillard marmonne des prières dans le fond du véhicule. Nous essayons en vain de nous endormir tandis que le chauffeur conduit dangereusement sur les routes sinueuses et cahoteuses. L’aube se lève doucement sur les cimes. Chaque tournant nous offre de splendides paysages : des vertes vallées, des chörtens entourés de drapeaux de prières colorés et des villages tibétains. Leurs maisons imposantes et massives, parsemées dans les montagnes sont autant de forteresses défendant l’entrée des vallées.

Un rêve parti en fumée

Nous arrivons à Zhongdian, épuisés par huit heures du bus. Nous nous attendions à une charmante vieille ville aux maisons en bois et aux lacis de ruelles pavées, comme l’ont décrit les voyageurs avant nous. Mais à notre grande surprise, nous découvrons un énorme vide. Nous apprendrons plus tard que la majorité de la vieille ville a été victime d’un incendie en début d’année.

La vieille ville de shangri-La suite à un incendie

La partie qui a été épargnée reste cependant très agréable, offrant des petits cafés et des commerces pour le confort de ses visiteurs. Les bâtiments en bois bordent les rues étroites. Au sommet d’une colline, le plus haut moulin à prières du Yunnan surplombe la ville en reconstruction. Mesurant plus de vingt mètres de hauteur, il contient cent milles petits moulins à prières et nécessite la force de plusieurs hommes pour le faire tourner.

Le moulin à prières de Zhuangjing-Tong

Mission impossible 5 : Le monastère défendu

Le Gompa Ganden Sumtseling fût construit en 1679 par la secte des Gelupas, plus connue sous le nom de secte des bonnets jaunes. Il accueille aujourd’hui plus de 600 moines. Endommagé lors de la Révolution Culturelle puis reconstruit, c’est l’un des plus beaux monastères du pays. Son architecture et sa beauté sont souvent comparées au Palais du Potala, l’ancienne demeure du Dalaï-Lama à Lhassa.

Le prix du ticket d’entrée est excessivement élevé. Sachez qu’en Chine tout se paye : vous souhaitez vous balader dans un parc, visiter un temple, marcher dans la montagne ou tout simplement entrer dans un village ? Rien de plus aisé, il suffit d’acheter un billet d’entrée ! Nous sommes quelque peu lassés de payer la moindre visite et décidons, comme nous le souffle le Lonely Planet, de jouer les rebelles.

Alors qu’un car touristique amène les visiteurs vers le monastère, nous gravissons silencieusement la colline parallèle à la route. Les autorités, bien informées des agissements des touristes indisciplinés, ont planté un panneau stipulant qu’il est formellement interdit d’accéder au temple par la colline. Cela nous rassure car nous n’étions pas certains de suivre la bonne direction. Nous traversons la forêt et des espaces fleuris, escaladons deux barrières et espionnons l’entrée du temple au téléobjectif. Des employés contrôlent les billets. Nous n’en avons évidemment pas mais nous ne voulons pas faire demi-tour pour autant.

Assis sur un banc devant l’entrée, nous étudions la situation tout en surveillant les gardiens du temple du coin de l’œil. Ils ne semblent pas vouloir bouger. A droite de la porte principale, des toilettes permettent l’accès dans l’enceinte du temple ; mais cela est trop risqué. A gauche, se trouve une entrée secondaire non surveillée. Nous entrons par là l’air de rien.

Le monastère Gompa Ganden Sumtseling, Shangri-La

Un grand escalier central mène jusqu’au temple principal, le temple Dratsang. A fur et à mesure de notre ascension, nous découvrons une quinzaine de temples somptueux qui ne cessent de nous surprendre. Chacun possède sa particularité. Certains sont minuscules et poussiéreux, d’autres sont très vastes et colorés. Parfois nous devons faire retentir une cloche avant d’entrer.

Le grand escalier qui mène du temple Dratsang, Shangri-La

Une entrée éclatante

shangrila-tsongkhapa

A l’intérieur des couleurs éclatantes recouvrent tous les supports disponibles : murs, tentures, poutres, plafonds, coussins, etc. Des fresques impressionnantes et des sculptures dorées représentent les Bouddhas et Bodhisattvas. L’on trouve également beaucoup de peintures effrayantes de dieux courroucés ainsi que des divinités en train de s’accoupler. Nous contemplons toutes ces œuvres sans en saisir vraiment toute la signification. Le bouddhisme tibétain est très complexe et bien différent de nos religions monothéistes.

Dieu vert, -gompa-ganden-sumtseling

Le temple Sakyamuni, Shangri-La

Temple -gompa-ganden-sumtseling, Shangri-La

-gompa-ganden-sumtseling, les trois grâces

Dieu courroucés, -gompa-ganden-sumtseling

-gompa-ganden-sumtseling, Shangri-La

-gompa-ganden-sumtseling, plafond

shangrila-lampes-a-huile

shangrila-mao-offrande-temple

Le temple Dratsang, construit sur plusieurs niveaux, abrite d’immenses statues dorées. Les plus hautes, qui s’élèvent jusqu’au niveau supérieur, semblent nous observer avec leurs grands yeux en amande. Nous terminons notre ascension sur les toits recouverts d’or rayonnant sous un soleil radieux. Nous admirons les collines alentour tandis que des clochettes, agitées par le vent, tintent autour de nous.

Sur les toits du temple Dratsang, Shangri-La

 shangrila-gompa-ganden-sumtseling-toit

Les sanglots longs des vélos de l’automne…

Le lendemain nous enfourchons deux vélos et partons découvrir les magnifiques prairies autour de Shangri-La. Nous roulons vers les montagnes qui bordent la vallée, sous un ciel bleu azur. Devant ces grands espaces, nous nous sentons envahis par une agréable sensation de liberté. Des chörtens blancs ornés de drapeaux de prières colorés et des maisons typiques en construction rythment nos pérégrinations. Nous faisons une halte pour déguster quelques brochettes en regardant paître les troupeaux de yaks.

Grande Vallée Shangri-La en vélo

shangrila-maries-tenue-traditionnelle

Grande vallée Shangri-La

Chroten, Shangri-La

Grande Vallée Shangri-La

Nous poursuivons notre paisible promenade à travers la prairie, admirant les nuages blancs se refléter dans les pâturages inondés. Les buissons, aux teintes jaunes orangés, ont revêtu leurs habits d’automne.

Ces monastères somptueux et ces paysages idylliques nous donnent envie d’approfondir notre découverte du Tibet. Nous espérons y revenir lors d’un prochain voyage.

Nous nous apprêtons maintenant à pénétrer dans les Gorges du Saut du Tigre, l’une des randonnées les plus spectaculaires de Chine. A suivre dans notre prochain article !

C’était la première fois que :

  • nous lâchions un chat dans notre chambre pour qu’il fasse la chasse aux souris
  • nous escaladions deux barrières et une colline, snobions un panneau d’interdiction de passer, puis repérions avec le téléobjectif les gardes à l’entrée d’un monument pour pénétrer sans payer dans un site protégé

Laisser un commentaire